J’ai connu qu’un regret payait l’expérience ;
Et je n’ai pas voulu l’acheter de mes pleurs.
Gardant comme un trésor ma calme insouciance,
Dans leur fraîche beauté j’ai su cueillir les fleurs.
Préférant ma démence à la raison du sage,
Si j’ai borné ma vie à l’instant du bonheur,
Toi qui n’as cru jamais aux rêves du jeune âge,
Qu’importe qu’après moi tu m’accuses d’erreur !
En vain tes froids conseils cherchent à me confondre.
L’obtiendras-tu jamais ce demain attendu ?
Lorsqu’au funèbre appel il nous faudra répondre,
Nous aurons tous les deux, toi pensé, moi vécu.
Nomme cette maxime ou sagesse ou délire,
Moi, je veux jour à jour dépenser mon destin.
Il est heureux, celui qui peut encor sourire
Lorsque vient le moment de quitter le festin !
Elle brille et s’éteint ; l’existence comme elle
Reçoit la mort d’un souffle et naît d’une étincelle.