Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/48

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cidait difficilement, quoiqu’elle fût d’un fort bon cœur, à en donner quelques-unes lorsqu’on lui en demandait ; l’idée qu’il n’y en aurait jamais d’autres lui faisait attacher un prix inestimable à leur possession Le temps semblait réellement se complaire à faire passer Élisa par toutes sortes d’épreuves, à donner la torture à son cœur en l’abreuvant de crainte. Aux quelques jours de beau temps qui avaient succédé aux ouragans qu’il avait fait succédèrent des brouillards si épais qu’on avait peine à distinguer à deux pas de soi. Un jour, qu’il était encore plus épais que de coutume [1], une personne excessivement gaie qui demeurait à deux cents pas de chez nous vint nous voir et me demanda avec un sérieux imperturbable si j’avais une forte provision d’huile à brûler, de bougies et de chandelles.

— Non, dis-je.

— Eh bien ! hâtez-vous donc d’en acheter avant que cela renchérisse.

— Et pourquoi cela renchérirait-il ?

— Pourquoi ? C’est que nous n’allons bientôt

  1. Le brouillard fut si épais ce jour-là que les réverbères s’éteignaient et qu’il arriva plusieurs accidens.