Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/558

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Quand la mort l’attendait, je l’ai dû consommer,
Pour te sauver ainsi, qu’il a fallu t’aimer !

ABENAMET, avec humeur.

Et pourquoi les as-tu sauvés, ces jours horribles ?
Ces jours à supporter désormais impossibles ?
Qui te l’a dit ? moi-même, en te rendant ta foi,
Voulant vivre, ai-je été te crier : sauve-moi ?
Si Boabdil a pu, dans sa fausse clémence,
Au prix de mon bonheur vendre mon existence,
Tu cherchais une cause à tes lâches amours :
Et je n’accepte pas ce présent de mes jours.

ZORAÏDE.

Vous êtes bien cruel.

ABENHAMET.

                                      Dis plutôt bien coupable.
Pardonne ! je m’égare, et la douleur m’accable.
Si tu pouvais savoir jusqu’où vont mes regrets,
Je sens que, par pitié, tu me pardonnerais.

(Pendant les derniers mots d’Abenhamet, Aly et les trois Zégris entrent sans être vus d’Abenhamet, de Zoraïde et d’Inès.)

Scène IV.

ALY, ABENHAMET, ZORAÏDE, INÈS, trois Zégris.
(Aly et les trois Zégris vont se placer contre le bosquet opposé à celui où se trouvent Abenhamet et Zoraïde.)
ALY, aux Zégris en leur montrant Abenhamet et Zoraïde.

Les voilà, s’enivrant de leur bonheur funeste.