Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/573

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Je ne vous ai pas dit qu’il vous fût impossible
D’éviter et la honte et le supplice horrible
Qu’au crime d’adultère a réservé la loi.
Je ne vous l’ai pas dit, madame ; écoutez-moi :
De votre volonté votre sort va dépendre,
Et vous pouvez sauver, si vous daignez m’entendre,
Les jours d’Abenhamet, les vôtres et l’honneur.

ZORAÏDE, d’un air suppliant.

Le sauver, dites-vous ? Ah ! de grâce, seigneur,
Si par un faux espoir je ne suis pas séduite,
Achevez. Doutez-vous qu’un seul instant j’hésite ?

ALY.

Eh bien ! c’en est donc fait ! que le masque arraché
Vous découvre aujourd’hui ce que j’ai tant caché ;
Qu’un secret fatigant s’échappe de mon âme !
Trois ans d’un cœur de feu j’ai comprimé la flamme,
Et j’ai, honteux d’aimer d’un amour dévorant.
Feint de ne vous pas voir en tous idolâtrant.
Mais c’est trop supporter cette contrainte extrême…
Vous pâlissez, madame !

ZORAÏDE, épouvantée.

                                              Il m’aimait ! Dieu suprême !
As-tu pu me réduire à cet excès d’horreur !
Vous m’aimez ! Ah ! sortez ! car vous me faites peur !

ALY froidement.

Ainsi je vous étonne et je vous épouvante !
Je croyais vous trouver plus calme ou plus prudente.
J’ai cru que, pour m’entendre avec moins de terreur,
D’assez chers intérêts parlaient à votre cœur.
On tremble d’irriter qui l’on pense être à craindre.
Vous, à qui je fais peur, bien loin de vous contraindre,