Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/590

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Souvent, faute d’avoir saisi l’instant propice,
Ce qui paraît un crime aurait semblé justice.
Qui succombe est coupable, et les plus grands forfaits
Sont même, quels qu’ils soient, absous par le succès.
C’est le faible qu’on hait, c’est le fort qu’on révère ;
L’avis de la fortune est celui du vulgaire ;
L’important est enfin de frapper à propos…
Le secret prête un voile à leurs sombres complots ;
Ils se taisent ; ton peuple, ébloui par leur gloire,
À leur crime aujourd’hui peut refuser de croire.
Punis-les en silence, ou bien tout est perdu.

BOABDIL.

Si le ciel t’eût fait moi, réponds, que ferais-tu ?

ALY.

J’entrevois un moyen, mais un moyen horrible ;
C’est dans un mal extrême un remède terrible ;
C’est le seul cependant.

BOABDIL.

                                            Et quel est-il enfin ?

ALY.

Qu’un message secret, sous un prétexte vain,
Dans la cour des Lions à l’instant les demande.
Mais il faut seul à seul que chacun d’eux s’y rende ;
Sous des coups non prévus que tombant sans effort,
Chacun d’eux en entrant soit reçu par la mort !

BOABDIL.

Les massacrer ! Jamais !

ALY.

                                            Bannis ces vains scrupules,

BOABDIL.

Faut-il…