Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/602

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(Il prend des mains d’un esclave deux poignards, et en présente un à Abenhamet.)

Connais-tu ce poignard ?

ABENHAMET.

                                              C’est le mien.

ALY, lui présentant l’autre poignard.

                                                                      Celui-ci ?
Peut-être pourras-tu le reconnaître aussi ;
Regarde ! quel est-il ?

ABENHAMET.

                                        Séide !… Ô Dieu suprême !

ALY, lui montrant les vêtemens de Séide que l’on vient de déposer sur la scène.

Ces vêtemens ?

ABENHAMET.

                            Que vois-je ! O ciel !… et c’est moi-même,
Jusqu’au piège infernal, c’est moi qui l’ai traîné !
Je le jetais aux mains qui l’ont assassiné !
Séide !

IBRAHIM.

            Tu disais être seul, sans complice ?

ABENHAMET.

Oui, je l’ai dit ! Devais je, hélas ! à la justice
Livrer l’infortuné dont j’acceptai l’appui ?
Je ne le voyais pas, il pouvait avoir fui.
Mais tout sert à vos yeux de preuves de mon crime.
De l’apparence ou non que je sois la victime ;
Pourquoi du fer des lois suspendre encor les coups ?
Qui ne peut se défendre est coupable pour vous.
Juges, que dans son crime, ou dans son innocence,
Un autre vous demande ou justice ou clémence,