Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/629

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BOABDIL, criant.

                                        Du secours !

ZORAÏDE.

                                                              C’est en vain,
Ma tombe s’est ouverte, et je vais y descendre.

BOABDIL, égaré.

Tout ce que je possède à qui peut me la rendre !
Du secours !

ZORAÏDE.

                      Je vous dis qu’on n’en pourrait trouver.
Aucun art des humains ne peut plus me sauver.
J’ai compté les momens ; une horrible souffrance
Me dit que le dernier de ces momens s’avance.

(Elle s’appuie sur Inès.)
INÈS.

Pauvre maîtresse !

ZORAÏDE.

                                Inès, tes soins sont superflus
Asseyez-moi… déjà, je ne me soutiens plus.

(On l’assied sur l’échafaud, Boabdil est jeté sur les marches et lui tient les mains.)
IBRAHIM.

On outrage le ciel, quand on en désespère ;
Reine, qu’avez-vous fait ?

ZORAÏDE.

                                              Moi, je n’ai point, mon père,
Douté du saint arrêt rendu par l’Éternel.
Quand je m’empoisonnais, je savais que le ciel
Devait au défenseur accorder la victoire ;
Mais je voulais mourir, en recouvrant ma gloire.
Hé bien ! pourquoi pleurer ? je ne vais plus souffrir