Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/632

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soin de protecteur, que mon nom était une recommandation plus que suffisante, et que j’obtiendrais une lecture la semaine suivante. M. Royer-Collard ayant, comme il me l’avait promis, écrit à M. Taylor, pour lui demander de m’accorder une lecture de ma tragédie, ainsi que le tour de faveur, il répondit que je l’aurais si j’étais reçue par le comité. M. Royer-Collard, pour m’encourager à lire ma tragédie sans crainte, m’envoya la réponse de M. Taylor ; je l’ai encore. Je reçus bientôt un rendez-vous pour ma lecture [1] ; mais, au jour indiqué, M. Joanny se trouvant malade, je fus remise au mardi suivant, 3 mai 1831. J’avais prié plusieurs acteurs que je connaissais d’assister à cette lecture ; un arrêté de M. Taylor défendit à tous ceux qui n’étaient pas du comité d’y entrer sans y être appelés. Lorsque M. Taylor me dit de lire, MM. Monrose, Joanny et Granville se placèrent à la table pour m’entendre ; je me disposais à commencer, lorsque M. Monrose appela un garçon de théâtre, et lui dit de faire monter les autres membres du comité ; M. Taylor s’y opposa : sur l’observation que lui fit M. Monrose, que le comité n’était pas complet, il répondit que, complet ou non, la lecture aurait lieu [2]. M. Monrose parut extrêmement surpris de cette réponse peu convenable, et me dit :

« Allons, mademoiselle, puisqu’il en est ainsi, lisez. »

  1. Nous y étions depuis une heure avec M. Varsavaux, un des députés de Nantes, et quelques messieurs qui avaient désiré nous accompagner. M. Monrose vint seul. Il fut fort étonné de ne point trouver les autres membres du comité ; il alla chercher M. Taylor. Celui-ci vint avec une lettre de M. Joanny, qui affirmait qu’il était retenu au lit par une forte migraine. M. Monrose gronda fortement M. Taylor de m’avoir laissée venir inutilement au comité. « Si vous n’étiez pas sans pitié, lui dit-il, vous auriez pensé à la fièvre que doit avoir cette pauvre jeune fille. » M. Varsavaux fut si affligé de ce manque de procédé de la part de M. Taylor qu’il n’osa pas revenir le mardi suivant à ma lecture, car il prévit tout ce que j’avais à redouter de cet homme.
  2. M. Taylor avait eu soin de mettre la répétition générale de Camille Desmoulins au moment de la lecture d’Élisa.