Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/635

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Suis-je acceptée, monsieur ?

— Non, mademoiselle, ces messieurs vous refusent. Moi seul ai été pour vous ; mais une voix ne pouvait l’emporter sur celles de ces messieurs. Ils ont signé une lettre de refus : je me suis opposé à ce qu’elle tous soit envoyée, j’ai préféré, par égard pour vous, mademoiselle, vous dire moi-même ce qu’ils ont décidé, car je ne suis pas dans l’habitude d’instruire verbalement les auteurs de la décision du comité.

— Quel est le sujet du refus, monsieur ?

— Mademoiselle, c’est au génie à le deviner.

— Mais, monsieur, il me semble qu’un refus doit être motivé ; et, puisque vous refusez de m’en instruire, Je vous dirai que je sais que MM. Monrose, Joanny et Granville, ont accepté ma tragédie, et que vous seul avez été contre moi.

— Vous avez donc vu quelqu’un, mademoiselle ? s’écria-t-il tout troublé. »

Cette phrase maladroite l’accusait ; mais je crois qu’il la prononça malgré lui.

« Je sais encore, monsieur, qu’un comité doit être de sept ou de cinq ; je demande une autre lecture.

— Vous l’aurez, mademoiselle, si vous croyez qu’on n’ait pas agi légalement avec vous. Cependant un membre, souvent, suffit pour accepter une pièce.

— Si un membre suffit, comment se fait-il que vous trouviez incompétens les trois qui m’ont acceptée ? Eh bien ! monsieur, si j’ai la majorité du comité ?…

— Eh bien ! mademoiselle, vous serez acceptée.

— Me ferez-vous jouer, monsieur ?

— Non, mademoiselle.

— Et pourquoi, s’il vous plaît ?

— Parce que je ne suis pas convaincu que vous puissiez attirer la foule.

— Mais, monsieur, mon nom est déjà bien connu, et vous-même m’avez dit que c’était une puissante recommandation.

— Cela ne fait rien, mademoiselle.