Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/239

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Or, dans ce pays, une des plus étranges coutumes à l’usage des femmes était de s’ennuyer pendant l’absence de leurs maris. Très humblement soumise à cette loi singulière, une jeune et belle châtelaine s’ennuyait de toute son âme dans son vaste manoir, veuf depuis quelques jours de la très chère et très redoutée présence du seigneur suzerain. Un soir, qu’assise dans un grand fauteuil, devant un feu qu’alimentait une moitié d’arbre, elle lisait, à la clarté d’une petite lampe, un chapitre de la merveilleuse et authentique histoire de la princesse Rose d’amour, et de la fée Tubéreuse sa marraine, peu à peu sa pensée quitta la lecture, ses yeux continuèrent à parcourir les pages de vélin que retournait sa main distraite, et tout à coup posant le livre sur la table :

« C’est bien dommage, s’écria-t-elle avec l’accent d’un profond regret, qu’il n’y ait plus de fées comme autrefois ! car s’il y en avait encore, et si j’en avais une pour marraine !…