Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/78

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hier, et qui demain peut lui dire : « Mon fils, prenez garde à votre couronne ; le duc la regarde avec des yeux de convoitise. Henri, méfiez-vous de votre frère ! » Et si elle lui dit cela, sais-tu, toi, ce que tu auras à souffrir, toi sincèrement dévoué à ton maître ? Sais-tu de combien d’insultans sarcasmes, de méprisantes railleries, t’accableront ces beaux messieurs que tu vois là-bas ? combien de fois tu sentiras tes dents grincer de rage, ta main se crisper de colère et d’indignation, en serrant la poignée de ta dague ? et si tu la sors du fourreau, sais-tu que tu peux entendre les énormes portes de la Bastille crier en roulant sur leurs gonds, pour te livrer passage, puis se refermer, et te laisser là vivre ou mourir ?

— D’Entragues !… Quel est ton dessein ? prétends-tu m’effrayer, me faire reculer de peur, et…

— Non. De par Sainte-Ursule de Lorraine, tu te trompes ! Loin de te faire abandonner ton maître, je voudrais plutôt voir se presser