Page:Mercœur - Œuvres complètes, III, 1843.djvu/444

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moines, ses pieuses donations à nombre de couvens étaient une espèce d’aumône expiatoire des biens qu’il confisquait ; et ses terreurs et ses prières une amende honorable que ses remords faisaient à sa conscience. Mais avec quelques prières d’un côté, et de l’autre, tant de flots de sang répandus dans ses libations de vengeance, la balance était-elle égale ?

On a mis au nombre des torts reprochés à Louis XI d’avoir choisi pour favoris des hommes de basse naissance et de mœurs dépravées ; mais on n’a pas réfléchi que la tortueuse politique de l’astucieux roi ne demandait, pour accomplir ses secrètes missions, ni rang ni conscience dans ceux qu’elle employait. Or donc, le choix de Louis XI était justifié par mille raisons puissantes. D’ailleurs, la grandeur échafaudée de ses favoris n’ayant pour base que la faveur du maître et devant crouler avec elle, l’intérêt les liait à sa cause ; et, comme l’intérêt occupe dans un grand nombre d’âmes une place beaucoup