Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/114

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reuse ? — Elle a été l’ouvrage de la philosophie : elle agit sans bruit, elle agit comme la nature, avec une force d’autant plus sûre qu’elle est insensible. — Mais j’ai bien des difficultés à vous proposer. Il faut une Religion. — Sans doute, reprit-il avec transport. Eh ! quel est l’ingrat qui demeurera muet au milieu des miracles de la création, sous la voûte brillante du firmament ? Nous adorons l’Être Suprême ; mais le culte qu’on lui rend ne cause plus aucun trouble, aucun débat. Nous avons peu de ministres : ils sont sages, éclairés, tolérans ; ils ignorent l’esprit de faction, & en sont plus chéris, plus respectés : ils ne sont jaloux que d’élever des mains pures vers le trône du Père des humains : ils les chérissent tous à l’imitation du Dieu de bonté ; l’esprit de paix & de concorde anime leurs actions, autant que leurs discours, aussi, vous dis-je, sont-ils universellement animés. Nous avons un saint prélat qui vit avec ses pasteurs comme avec ses égaux & ses frères.

Ces places ne s’accordent qu’à l’âge de quarante ans, parce que c’est alors seulement que les passions turbulentes s’éteignent, & que la raison si tardive dans l’homme exerce son paisible empire. Leur vie exemplaire marque le plus haut degré de la vertu humaine. Ce sont eux qui consolent les affligés, qui découvrent aux malheureux un Dieu bon, qui veille sur eux & qui contemple leurs