sans despotisme, sans ostentation. Une morale pure, & point de dogmes extravagans, voilà le moyen de n’avoir ni impies, ni fanatiques, ni superstitieux. Nous l’avons trouvé ce moyen heureux, & nous en remercions sincérement l’auteur de tout bien.
— Vous adorez un Dieu ; mais admettez-vous l’immortalité de l’ame ? Quelle est votre opinion sur ce grand & impénétrable secret ? Tous les philosophes ont voulu le percer. Le sage & l’insensé ont dit leur mot. Les systêmes les plus diversifiés, les plus poëtiques se sont élevés sur ce fameux chapitre. Il semble avoir allumé par excellence l’imagination des législateurs. Qu’en pense votre siecle ?
— Il ne faut que des yeux pour être adorateur, me répondit-il ; il ne faut que rentrer en soi-même pour sentir qu’il y a quelque chose en nous qui vit, qui sent, qui pense, qui veut, qui se détermine. Nous pensons que notre ame est distincte de la matiere, qu’elle est intelligente par sa nature. Nous raisonnons peu sur cet objet : nous aimons à croire tout ce qui éleve la nature humaine. Le systême qui l’aggrandit davantage nous devient le plus cher, & nous ne pensons pas que des idées qui honorent les créatures d’un Dieu puissent jamais être fausses. En adoptant le plan le plus sublime, ce n’est point se tromper, c’est frapper au véritable but. L’incrédulité n’est que foiblesse, & l’audace de la