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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/187

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m’annonçoit des choses si consolantes. Ô ciel ! m’écriai-je avec transport ; les hommes sont enfin dignes de tes regards, ils ont compris que leur force réelle n’étoit que dans leur union. Je mourrai content, puisque mes yeux ont vu ce que j’ai désiré avec tant d’ardeur. Qu’il est doux d’abandonner la vie en n’appercevant autour de soi que des cœurs fortunés qui s’avancent ensemble comme des frères, lesquels après un long voyage vont rejoindre l’auteur de leurs jours.


CHAPITRE XXVII.

Le Convoi.


J’aperçus un corbillard couvert de drap blanc, précédé d’instrumens de musique, & couronné de palmes triomphantes : des hommes vêtus d’un bleu céleste le conduisoient, des lauriers à la main. — Quel est ce char, demandai-je ? — C’est le char de la victoire, me répondit-on. Ceux qui sont sortis de cette vie ; qui ont triomphé des misères humaines, ces hommes heureux qui ont été rejoindre l’Être Suprême, source de tous les biens, sont regardés comme des vainqueurs ; ils nous deviennent sacrés : on les porte avec respect au lieu où sera leur éternelle demeure. On chante l’hymne sur