chappe par ce moyen ; on observe les plus petits détails. Il étoit nécessaire que vous fissiez une multitude innombrable de livres ; c’étoit à nous de rassembler ces parties dispersées. Les hommes qui ont la tête vuide & des demi-lueurs, sont d’éternels babillards : l’homme sage & instruit parle peu, mais parle bien.
Vous voyez ce cabinet : il renferme les livres qui ont échappé aux flammes ; ils sont en petit nombre ; mais ceux qui sont restés ont mérité l’approbation de notre siecle.
Curieux, je m’approchai, & consultant la premiere armoire, je vis qu’on avoit conservé parmi les Grecs, Homere, Sophocle, Euripide, Demostene, Platon, & surtout notre ami Plutarque ; mais on avoit brûlé Hérodote, Sapho, Anacréon, & le vil Aristophane. Je voulus défendre un peu la cause du défunt Anacréon ; mais on me donna les meilleures raisons du monde, que je n’exposerai point ici, parce qu’elles ne seroient point entendues de mon siécle.
Dans la deuxiéme armoire, destinée aux auteurs Latins, je trouvai Virgile, Pline en entier, ainsi que Tite Live[1] ; mais on
- ↑ Je viens de relire cet Historien, & j’ai reconnu que la vertu des Romains consistoit à égorger le genre humain sur l’autel de la patrie : c’étoient de bons citoyens & des hommes affreux.