Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/293

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représentant la force, la tempérance, la justice & la clémence, portoient un simple fauteuil d’ivoire blanc, élevé seulement pour faciliter la portée de la voix. Ce siége étoit couronné d’un dais suspendu par une main dont le bras sembloit sortir de la voute. À chaque côté du trône étoient deux tablettes ; sur l’une desquelles étoient gravées les loix de l’État & les bornes du pouvoir royal, & sur l’autre les devoirs des rois & ceux des sujets. En face étoit une femme qui allaitoit un enfant, emblême fidelle de la royauté. La première marche, qui servoit de degré pour monter au trône, étoit en forme de tombe. Dessus étoit écrit en gros caractères : l’Éternité. C’étoit sous cette première marche que reposoit le corps embaumé du monarque prédécesseur, en attendant que son fils vînt le déplacer. C’est de-là qu’il crioit à ses héritiers qu’ils étoient tous mortels, que le songe de la royauté étoit prêt à finir, qu’ils resteroient alors seuls avec leur renommée ! Ce lieu vaste étoit déja rempli de monde, lorsque je vis paroitre le monarque revêtu d’un manteau bleu qui flottoit avec grace. Son front étoit ceint d’une branche d’olivier ; c’étoit son diadême : il ne marchoit jamais en public sans ce respectable ornement qui en imposoit aux autres & à lui-même. Il se fit des acclamations lorsqu’il monta sur son trône. Il ne paroissoit pas indifférent à ces cris de joie. Mais à peine fut-il assis