Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/305

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mais pu pénétrer. Chaque province se trouve dépositaire de sa sûreté & de son bonheur : son principe de vie n’est pas éloigné d’elle ; il est dans son propre sein, toujours prêt à féconder l’ensemble, à remédier aux maux qui pourroient arriver. Le secours présent est remis à des mains intéressées qui ne pallieront point la cure, ou qui même ne se réjouiront pas des coups qui peuvent affoiblir la patrie.

La souveraineté absolue fut donc abolie. Le chef conserva le nom de roi ; mais il n’entreprit pas follement de porter tout le fardeau qui accabloit ses ancêtres. Les États assemblés du royaume eurent seuls la puissance législatrice. L’administration des affaires, tant politiques que civiles, est confiée au sénat ; & le monarque armé du glaive veille à l’exécution des loix. Il propose tous les établissemens utiles. Le sénat est responsable au roi, & le roi & le sénat sont responsables aux États qui s’assemblent tous les deux ans. Tout s’y décide à la pluralité des voix.

Loix nouvelles, charges vacantes, griefs à redresser, voilà ce qui est de son ressort. Les cas particuliers ou imprévus sont abandonnés à la sagesse du monarque.

Il est heureux[1], & son trône est affer-

  1. M. d’Alembert a dit qu’un roi qui fait son devoir est le plus misérable de tous les hommes,