Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/326

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le cœur du prince, qui l’a aimé sans sceptre & sans couronne, monte sur le trône avec son amant, & devient chère & respectable à la nation, tant par sa tendresse que pour avoir sû plaire à un héros. Outre l’avantage d’inspirer à toutes les jeunes filles l’amour de la sagesse & des vertus, en leur offrant pour perspective une récompense digne de leurs efforts, nous évitons toutes ces guerres de famille qui, absolument étrangères au bien de l’État, ont tant de fois désolé l’Europe[1].

Le jour de son mariage, au lieu de prodiguer follement l’or en festins superbement ennuyeux, en fêtes insensées & brillantes, en feux d’artifice & autres dépenses aussi extravagantes qu’épouvantables, le prince fait dresser un monument public, comme un pont, un aqueduc, un chemin, un canal, une salle de spectacle. Le monument porte le nom du prince. On se souvient du bienfait, tandis qu’on oublioit ces profusions déraisonnables qui ne laissoient que des traces de malheurs & d’accidens affreux[2].

  1. La plupart de nos guerres ne viennent, comme on sait, que de ces alliances prétendues politiques. Si du moins une bonne fois l’Europe & l’Afrique pouvoient épouser l’Asie & l’Amérique, à la bonne heure.
  2. Dois-je rappeller ici la nuit horrible du 30 Mars 1770 ? Elle accusera éternellement notre po-