Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/339

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rêts, aux campagnes : « mon fils, dira-t-elle en le pressant sur le sein maternel[1], vois ces vertes prairies, ces arbres couronnés de superbes feuillages ; il n’y a pas longtems qu’ils étoient comme morts, que dépouillés de leur brillante chevelure ils étoient pétrifiés du froid qui resserroit les entrailles de la terre : mais il est un Être bon, qui est notre pere commun, il n’abandonne point ses enfans, il demeure dans les cieux, & de-là il jette un regard paternel sur toutes ses créatures. À l’instant qu’il sourit, le soleil darde ses flammes, les arbres fleurissent, la terre se couronne de présens, l’herbe naît pour la nourriture des bestiaux dont nous buvons le lait. Et pourquoi aimons nous tant le Seigneur, ô mon cher enfant ! écoute, c’est qu’il est puissant & bon. Tout ce que tu vois est l’œuvre de ses mains, & tu ne vois rien encore au prix de ce qui t’est caché. L’éternité, pour laquelle ton ame immortelle a été créée, sera pour toi une chaine infinie de surprise & de joie. Ses bienfaits & sa grandeur n’ont point de bornes. Il nous chérit, parce qu’il est notre pere. De jour en jour il nous fera plus de bien, si nous

  1. Cebé nous représente l’imposture comme assise à la porte qui conduit à la vie, & faisant boire à tous ceux qui s’y présentent la coupe de l’erreur. Cette coupe, c’est la superstition. Heureux qui n’a fait que goûter, & qui a jetté le vase !