Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/380

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commotion salutaire, donnée au monde moral par le soleil des arts : il a tout inondé d’un éclat vif, pur & durable.

Le bâton ne règne plus à la Chine ; & les mandarins ne sont plus des espèces de préfets de collège. Le petit peuple n’est plus lâche & fripon, parce qu’on a tout fait pour lui élever l’ame : de honteux châtimens ne le courbent plus dans l’avilissement ; il a reçu des notions d’honneur. Nous vénérons toujours Confutzée, presque contemporain de votre Socrate, qui, comme lui, ne subtilisa pas sur le principe des êtres, mais se contenta de publier que rien ne lui est caché, & qu’il punira le vice, comme il récompensera la vertu. Notre Confutzée eut même un avantage sur le sage de la Grèce. Il n’abattit point avec audace ces préjugés religieux qui, faute d’appuis plus nobles, servent de base à la morale des peuples. Il attendit patiemment que, sans bruit & sans effort, la vérité se fît jour par elle-même. Enfin, c’est lui qui a prouvé qu’un monarque devoit nécessairement être un philosophe pour bien régir ses états. Notre Empereur conduit toujours la charrue, mais ce n’est point une vaine cérémonie ou un acte d’ostentation puérile…

Combattu par le désir de lire & d’écouter tout à la fois, je prêtois l’oreille d’un côté, & mon œil, non moins avide, parcouroit de l’autre les pages de cette étonnante ga-