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QUATRE CENT QUARANTE.

sont, & que cette justesse est précieuse, appliquée aux arts.

On apprenoit aux enfans une infinité de connoissances qui ne servent de rien au bonheur de la vie. Nous n’avons choisi que ce qui pouvoit leur donner des idées vraies & réfléchies. On leur enseignoit à tous indistinctement deux langues mortes, qui sembloient renfermer la science universelle, & qui ne pouvoient leur donner la moindre idée des hommes avec lesquels ils devoient vivre. Nous nous contentons de leur enseigner la langue nationale, & nous leur permettons même de la modifier d’après leur génie, parce que nous ne voulons pas des grammairiens, mais des hommes éloquens. Le style est l’homme, & l’ame forte doit avoir un idiôme qui lui soit propre & bien différent de la nomenclature, la seule ressource de ces esprits foibles qui n’ont qu’une triste mémoire.

On leur enseigne peu d’histoire, parce que l’histoire est la honte de l’humanité, & que chaque page est un tissu de crimes & de folies. À dieu ne plaise ! Que nous leur mettions sous les yeux ces exemples de brigandage & d’ambition. Le pédantisme de l’histoire a pu ériger les rois en Dieux. Nous enseignons à nos enfans une logique plus sûre & des idées plus saines. Ces froids chronologistes, ces nomenclateurs de tous les siecles, tous ces écrivains roma-