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Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/76

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L’AN DEUX MILLE

attributs, & qu’on étourdissoit la raison humaine en lui offrant un point glissant & mobile, d’où elle étoit toujours prête à tomber dans le doute. C’est à l’aide de la physique, cette clef de la nature, cette science vivante & palpable, que parcourant le Dédale de cet ensemble merveilleux, nous leur apprenons à sentir l’intelligence & la sagesse du Créateur. Cette science bien approfondie les délivre d’une infinité d’erreurs, & la masse informe des préjugés céde à la lumiere pure qu’elle répand sur tous les objets.

À un certain âge nous permettons à un jeune homme de lire les poëtes. Les nôtres ont sû allier la sagesse à l’entousiasme. Ce ne sont point de ces hommes qui imposent à la raison par la cadence & l’harmonie des paroles, qui se trouvent conduits, comme malgré eux, dans le faux & dans le bizarre, ou qui s’amusent à parer des nains, à faire tourner des moulinets, à agiter le grelot & la marotte : ils sont les chantres des grandes actions qui illustrent l’humanité ; leurs héros sont choisis par-tout où se rencontre le courage & la vertu. Cette trompette venale & mensongère, qui flattoit orgueilleusement les colosses de la terre, est à jamais brisée. La poësie n’a conservé que cette trompette véridique qui doit retentir dans l’étendue des siécles, parce qu’elle annonce, pour ainsi dire, la voix de la postérité. Formés sur de tels modèles, nos en-