Aller au contenu

Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAPITRE XXXVII

Mère et fils



La route était assez longue ; mais Démon ne s’en aperçut pas, absorbé qu’il était dans un entretien qui à chaque pas lui apprenait quelque chose d’intéressant. En arrivant, Pélasge lui dit :

« Laissez-moi entrer le premier, je vous annoncerai ; contenez-vous de votre mieux. Le chagrin a beaucoup affaibli la tête de votre mère ; une émotion trop brusque pourrait lui faire beaucoup de mal. »

Ils entrèrent. Démon resta dans la salle à manger. Mme Saint-Ybars était au salon, assise dans un fauteuil, les mains sur les genoux. Lagniape, ses grosses lunettes d’argent sur le nez, cousait dans le jour d’une fenêtre. Démon frissonna en entendant la voix de sa mère ; elle répétait, sur le ton de la plainte et de la prière, sa mélancolique ritournelle : « Silence ! repos ! »

Pélasge annonça à Mme Saint-Ybars l’arrivée de son fils.

« Il est là, ce cher enfant, dit-elle ; alors, qu’il vienne. »

Démon entra. Sa mère avait horriblement vieilli ; tous ses traits étaient empreints d’une tristesse désolée. La commotion qu’il éprouva fut telle, qu’il s’arrêta à moitié chemin. Pélasge s’approcha, et lui dit tout bas :

« Allons, Démon, du courage ! »

Démon s’agenouilla devant sa mère, et lui dit :