Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/38

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qu’il comprend. Il aime les contes des nègres ? c’est bien naturel. Qui de nous, à son âge, ne les a pas écoutés avec plaisir ? Du reste, ne nous y trompons pas, il y a dans ces récits, outre l’intérêt du drame, une malice quelquefois très fine. »


CHAPITRE V

Démon.



Vieumaite en eût probablement dit davantage sans le vacarme qui se fit tout à coup dans la cour : les négrillons poussaient des cris de joie, les chiens aboyaient, les coqs des basses-cours se répondaient par des signaux d’alarme.

Un petit nègre, les yeux hors de la tête, entra avec fracas dans la salle à manger, et dit à Saint-Ybars :

« Cé michié Démon : li trapé deu pap, mal é fumel. »

Immédiatement après ce négrillon, Pélasge vit entrer un jeune garçon dont la ressemblance avec Chant-d’Oisel lui apprit que c’était son jumeau. Mais autant la physionomie de la sœur était paisible, autant celle du frère était animée ; ses yeux pétillaient de joie ; ses joues, enflammées par la double influence du succès et du soleil, étaient couvertes de poussière et ruisselaient de sueur. Tous les boutons de sa chemise étaient partis ; sa veste et son pantalon de coutil étaient déchirés en plusieurs endroits, et tachés de boue et de jus d’herbe. Son chapeau de paille à large bord doublé en percale verte, était rejeté en arrière, laissant tomber sur son front ses cheveux chatains et bouclés.