Aller au contenu

Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Démon mit en français son dialogue avec Sophie, ainsi que le couplet chanté par elle. Il y eut un silence ; Pélasge se parlait intérieurement.

« Cette femme, se disait-il, vit tout éveillée d’un rêve ; dans ce rêve tantôt elle est heureuse, tantôt elle souffre. Et nous tous, qui possédons notre raison, ne vivons-nous pas aussi d’un rêve ? Quand l’homme, arrivé au terme de sa carrière, se retourne et regarde dans son passé, que sont devenus ses désirs, ses amours, ses espérances, ses désespoirs, ses ambitions, ses haines ? tout s’est évanoui comme les images fugitives qui traversent le sommeil. Oh ! oui vraiment, la vie est un rêve ; ne lui donnons pas plus d’importance qu’elle n’en mérite. »

CHAPITRE VIII

Le Camp



Il faisait nuit quand Pélasge et son jeune guide arrivèrent au camp. C’était une de ces belles nuits transparentes et douces, où le ciel de la Louisiane rivalise de splendeur avec celui de l’Égypte ou de l’Arabie. La voûte étoilée s’ouvrait comme un immense livre écrit en lettres d’argent, de pourpre, de topaze et de saphir. Pélasge, comme en se jouant, donna à son élève une idée des divisions du ciel et de ses mouvements ; il lui apprit à reconnaître plusieurs grandes constellations.

Les nègres avaient allumé des feux devant leurs cabanes, les uns pour cuire leur souper, les autres pour chasser les moustiques. Pélasge et Démon suivirent cette longue file