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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/87

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à la porte du milieu. Là elle ôta sa couverte, la plia en quatre, la posa sur le plancher et mit l’enfant dessus. Elle était toute tremblante ; elle avait compté sur une nuit noire, et les éclairs étaient devenus si fréquents que la galerie était presque sans interruption comme en plein jour. Mais la chose pour laquelle la femme était venue, étant commencée, il fallut aller jusqu’au bout. Elle défit sa robe, et, appuyée sur ses genoux et ses mains, elle approcha son sein gorgé de lait des lèvres closes de son enfant ; puis, elle le réveilla. L’enfant ouvrit les yeux en souriant, et prit le sein. Satisfait, il se rendormit. La mère pleurait ; elle se séparait de son enfant, peut-être pour toujours.

Cerbère intrigué semblait demander l’explication de ce qu’il voyait.

« Mon bon Cerbère, chuchota l’inconnue, tu es étonné de me voir m’en aller seule : c’est pour le bien de l’enfant. Fais bonne garde ! ne laisse approcher personne, excepté Chant-d’Oisel. Entends-tu, Cerbère ? c’est pour Chant-d’Oisel, Chant-d’Oisel. »

Cerbère se coucha aux pieds de l’enfant ; la mère redescendit ; en moins de cinq minutes, elle disparaissait dans les champs de cannes…

Cinq heures sonnaient à la pendule de Pélasge, au moment où il rentrait dans sa chambre.