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Page:Mercier - L’Habitation Saint-Ybars.djvu/98

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CHAPITRE XIX

La Fuite



Nogolka entraîna Pélasge dehors ; Mme Saint-Ybars, ses filles, ses brus, les maris des unes et des autres, quittèrent la salle à manger. Mlle Pulchérie resta seule avec Saint-Ybars.

« Allons, cousin, dit-elle, remettez-vous à table, vous êtes bien bon de faire tant de mauvais sang pour un enfant qui désobéit et une esclave qui se révolte ; vous ne manquez pas de moyens pour ramener l’un et l’autre à la raison. »

Saint-Ybars reprit son siège, mais ne mangea pas. Mlle Pulchérie acheva son repas, sans pouvoir arracher une parole à son cousin. Elle se retira, en haussant les épaules. Les domestiques disparurent sans bruit, comme des ombres. Il pleuvait à torrents ; la foudre gronda sans discontinuer pendant cinquante-cinq minutes. Les nuages commencèrent enfin à disparaître, les uns entièrement dissous, les autres chassés par le vent qui soufflait toujours avec violence. On avait fermé les portes et les fenêtres ; la maison tremblait ; les rugissements prolongés et plaintifs de l’ouragan pénétraient dans la demi-obscurité des appartements, par toutes les fentes et par les trous des serrures. Saint-Ybars écoutait la voix sinistre de la tempête ; il lui semblait, par moments, qu’elle articulait des menaces et des prophéties de malheur.