Page:Mercier - La Destruction de La Ligue, ou la réduction de Paris, 1782.djvu/81

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pour secours que de trompeuses espérances à distribuer, je crains bien que l’aveugle désespoir ne s’empare d’un peuple affamé, & qu’il ne se porte au malheur de reconnoître un roi protestant qui lui donnera du pain.

Varade, d’un ton de voix adouci.

Écoutez, jeune homme : il vous faudroit plus de résignation à la volonté céleste ; mais puisque le besoin vous domine, & que Dieu, à ce que je vois, ne vous a pas accordé le courage dont il gratifie ses élus chéris, nous aiderons à votre foiblesse… Suivez-moi en secret ; à condition toutefois que vous maudirez de tout votre cœur le Navarrois, que vous le haïrez, comme vous le devez : je vais vous faire donner d’une certaine nourriture de mon invention, laquelle une fois prise, soutient son homme pour trois jours au moins… c’est de mon invention, vous dis-je…

Hilaire fils, avec un cri de joie.

Est-il possible ! Vous nous donneriez de quoi nous nourrir ?