Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/150

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Ton poignard, ô Tallien ! tu le réservais à ton bourreau, mais tu n’as pas su t’en armer pour les vrais républicains ; tu as sauvé ta tête, et tu n’en voulais point sauver d’autres. Que t’importait après cela les députés probes qui gémissaient dans les cachots ?

Après cette indifférence coupable, où le parti républicain fut constamment attaqué ou menacé, qu’on ne s’étonne plus des journées de Prairial, de Germinal, de Vendémiaire ; elles n’auraient point eu lieu, si le parti, victorieux le 10 août, eût obéi à ce que lui commandaient également la justice et l’amour de la République ; mais le froid et dur égoïsme assimila les représentants hors du glaive, à ces lâches qui, sauvés d’un péril commun, abandonnent leurs proches, parce qu’il leur en coûterait un léger effort, pour terrasser quelques brigands.

Tallien ! tu te levas ainsi qu’un grabataire poltron se lève enfin quand le feu prend à la paillasse de son lit ; tu représentas en comédien dans la tragédie qui finit le règne de Robespierre, mais tu n’en fus pas l’auteur ; et la tyrannie décemvirale, les Montagnards tentèrent même alors de la renouer. Voilà la vérité.


TAPE-DURS


On appela ainsi une compagnie de coupe-jarrets armés de bâtons noueux auxquels ils donnaient avec un ton dérisoire le nom de Constitution. Leur point de réunion était dans un café près le théâtre Italien, tenu par le nommé Chrétien, juré au tribunal révolutionnaire. Ils parcouraient sans cesse le Palais Royal, insultant les passants et arrêtant ceux qui ne voulaient pas endurer leurs vexations. Janissaires du comité de sûreté générale, lorsque ce comité avait besoin de quelques mouvements de quelques troubles