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jours. Il attaqua le trône ; il dénonça Robespierre ; il demanda l’acte d’accusation contre les frères de Capet ; il s’éleva avec une grande force d’indignation contre la noblesse, cette caste usurpatrice, obstacle continuel à tout développement de grandeur et d’énergie dans la nation ; il fut républicain jusqu’au dernier soupir : tous les genres d’outrages lui furent prodigués.

Il y a des moments dans la vie où l’homme vertueux, réagissant contre l’injustice et l’insolence, est tenté de renoncer publiquement à l’estime des hommes. Louvet, au-dessus des clameurs de la calomnie, leur répondit en combattant sans cesse, en se trouvant partout sur la brèche.

L’aveuglement universel de la capitale sur Robespierre, enhardit les conspirateurs ; le parti du devoir et de la vertu fut abandonné ; mais notre républicanisme restera sans tache. J’ai partagé toutes ses opinions ; pour récompense de ses vertus et de ses talents, que n’a-t-il vu comme moi le 18 Fructidor ![1]


LE CARDINAL DE LOMÉNIE



Cet archevêque qu’on annonçait comme une sorte de libérateur, vint s’emparer de la scène. Pour prix de ses promesses magnifiques, il fallut le décorer du titre de principal ministre. Tout son ministère fut employé à ruiner sa réputation, et à revêtir son inutilité de toutes les plus grosses abbayes qu’il put attraper.

Il avait voulu ajuster l’impôt du timbre à son plan ; mais n’ayant point su gagner le Parlement qui refusa d’enregistrer, il déploya toutes les ressources de son génie en faisant assiéger le palais par les gardes-françaises et par les gardes suisses. On enleva par ordre du roi un membre du Parlement au milieu de la chambre des pairs. Certes,

  1. J.-B. Louvet, auteur des Amours de Faublas, directeur du journal La Sentinelle, était mort le 25 août 1797.