Page:Mercier - Le Nouveau Paris, 1900.djvu/20

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ont été frappés par le temps et les circonstances les plus orageuses.

Malgré leur influence funeste et sur l’auteur et sur son livre, il y a un sentiment qui le console, qui le dédommagera des critiques injustes qu’il a essuyées, qu’il essuyera peut-être encore, et qui promet à ses écrits non l’immortalité qu’il n’ambitionne pas, mais l’estime des gens de bien qu’il ambitionne beaucoup : c’est le sentiment d’avoir été depuis le premier instant de sa carrière littéraire, le héraut, l’ami et le collaborateur de la grande régénération entreprise pour la félicité publique et d’avoir été en même temps l’adversaire de ceux qui l’ont criminalisée à leur profit par un sordide intérêt. Non, les travaux, le courage, la constance des Français, leurs calamités ne seront point en pure perte. La postérité sera heureuse de nos souffrances. C’est ce sentiment qui a soutenu, a encouragé, fortifié l’auteur, et qui ne lui a pas fait abandonner la plume jusque dans la nuit des cachots ; qui, enfin, vient de lui dicter une épitaphe qu’il grave d’avance sur son tombeau, et qu’il souhaite devenir applicable à tous ses contemporains :

Hommes de tous pays, enviez mon destin :
Né sujet, je suis mort libre et républicain !


10 Frimaire, An VII.