écrivains, ses observateurs, ses tenants ; les patriotes avaient aussi les leurs ; ils furent bien plus habiles. À l’aide de la faction, ils entraînèrent la masse pure des citoyens, qui n’aspiraient qu’après le calme, et voulaient fermement le maintien des lois.
L’orage s’annonçait de loin par de sourds murmures. Les habitants des faubourgs formaient une corporation redoutable sous le nom de sans-culottes, qui leur avait été donné en signe de dérision par Lacueil, et qu’ils voulurent conserver comme un titre de gloire ; les femmes elles-mêmes demandaient la parole dans les groupes qui se renouvelaient sans cesse. Le mot tyran remplaçait celui de roi dans toutes les bouches. On appelait les nobles, aristocrates, et les prêtres calotins. La terrasse des Feuillants était le seul passage permis au public pour aller aux séances de l’Assemblée. Le peuple, de peur de souiller son pied libre de la poussière du jardin d’un despote exécré, fixa lui-même avec un ruban tricolore la ligne de démarcation qui fut scrupuleusement observée. Il assigna à l’intérieur de la promenade royale le nom de forêt noire. L’indignation des citoyens était à son comble.
Mais les voici à la veille du jour qui allait expier tant d’attentats, tant de perfidies. Les Marseillais, dès leur entrée dans Paris, avaient commencé le cours de leurs assassinats ; rien n’égalait l’audace de leurs chefs, et les patriotes s’applaudissaient de les voir en avant.
Le 9 août, dès les 4 heures après midi, ils se rassemblaient au faubourg Saint-Antoine au nombre de deux à trois mille ; c’était pour venir assiéger le château. Le terrible mot d’ordre fut incontinent communiqué dans toutes les sections assemblées. Ce soir-là même, un quidam parcourut les terrasses des Tuileries avec un étendard dont la légende était conçue en ces termes : « Amis, demain le trône sera