Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/14

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mes collègues, et il règne entre nous une affection réciproque ; aucun procès ne s’élevera, pour la divertissement du public malin. Je dirai seulement que tous mes collègues savent que j’aime à finir ce que j’ai commencé, à faire vite ; sur-tout, que j’aime à faire seul ; et pour qu’un ouvrage ait une physionomie, il faut qu’il soit empreint d’une volonté une et despotique.

    barbiers ; il parle d’un certain Balesdent (l’abbé Morellet de la bande), assis au milieu des Cotin, des Cassagne, des Daucourt, lequel soutenait obstinément que langue, grammaire, rhétorique, poétique étaient des propriétés académiques inséparables du fauteuil, des jetons et du tapis vert. Balesdent est ressuscité ; il écrit sous un autre nom, qui ira de même à la postérité pour la réjouir.

    Furetière se moque amplement du phénix des Dictionnaires, qui veut être seul en son espèce, et n’avoir point de pareil. Il y a apparence, dit-il, que le phénix-oiseau et le phénix-dictionnaire seront également invisibles. Il remarque un intervalle de trente-trois ans entre la facture de l’I et celle de l’M ; et voici pourquoi, ajoute-t-il : « Quand un bureau est composé de cinq à six personnes, il y en a un qui lit, un qui opine, deux qui causent, un qui dort ou qui s’amuse à lire quelques papiers qui sont sur la table ; il ne se passe point deux lignes, qu’on ne fasse de longues