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La Néologie débarrasse la langue de l’emploi perpétuel de ces verbes auxiliaires dont la physionomie monotone pèche encore contre le laconisme, et alonge le style en pure perte.

    est faite, et que l’impunité en ce genre, ne ferait que doubler l’insolence du sot et du méchant. Puisque la paix est impossible, aiguisons nos armes : l’hypocrisie est le plus dangereux des vices ; ils n’ont pas de quoi guérir leurs blessures, eux, comme je puis guérir les miennes. Il est inutile d’être bon, modéré au milieu de gens chez lesquels il est une certaine dose de perversité acquise, qui paraît mettre le comble à leur perversité naturelle. Les méchants deviennent leur propre dupe, en apprenant aux autres à les imiter pour leur échapper : ils seront surpris de trouver enfin quelque habileté dans les bons qui vont toujours de pied ferme ; car le méchant peut donner des chaînes, s’il est puissant, mais il ne l’est jamais assez pour rompre les siennes. Sans doute on pardonnerait à la vanité grossière ; mais doit-on pardonner à la méchanceté réfléchie ?

    Il est donc une vengeance légitime que le philosophe peut exercer sans haine et sans orgueil, uniquement pour remettre l’équilibre dans la république des lettres. Il n’est presque point de méchant qui n’ait de soi une idée supérieure ; il faut lui prouver que sa sottise égale au moins sa méchanceté ; il en sera plus humilié alors, que d’être convaincu de fausseté, de perfidie et de scélératesse.