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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/55

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de chaque mot ayant leurs temps fixes et déterminés, de leurs diverses combinaisons on obtint les pieds et les nombres propres à précipiter ou à ralentir la marche de la diction, selon l’effet qu’on voulait produire. On sent comment avec ces ressources l’élocution acquit des principes, des règles et des procédés constans et invariables. Il en est de nos écrivains, relativement à ceux de l’antiquité, comme de celui qui compose un chant par instinct et par oreille, relativement à un musicien qui connaît parfaitement les routes de l’harmonie et toutes les richesses de l’art[1].

  1. Quand j’aurai publié leTraité sur les Inversions, j’aurai payé aux lettres mon dernier tribut ; j’aurai travaillé sur-tout pour ces versificateurs qui étouffent sous leurs étroites bandelettes, et qui se complaisent dans leurs liens ; j’aurai indiqué un nouvel idiome analogue à notre génie ; car je serai toujours intelligible : je ne toucherai ni à la clarté de la langue, ni à son harmonie ; je l’augmenterai seulement d’une foule de tournures qui introduiront des nuances infiniment différenciées, et précieuses dans leurs détails. Voilà le nouveau travail que je me propose, et qui soulèvera contre moi la tourbe des esprits médiocres : mais qui ne craint point l’examen réfléchi de la pensée,