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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/75

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( lxiii )

la même opération de l’entendement humain. Ce n’est au fond que la peinture des idées, peinture plus ou moins rapide, et les idées étant la représentation des êtres, on peut dire que les modèles que le langage doit imiter, sont tous les êtres généralement quelconques.

Qu’on ne soit point étonné que l’ame perçoive la connaissance d’un si grand nombre d’êtres ; elle embrasse, elle pénètre tout dans sa vaste compréhension. Tout ce qui ne peut se concevoir que par l’intelligence, lui appartient. Toutes nos facultés intellectuelles et morales ne sont que le développement d’une chose unique, indivisible et indestructible. Il n’y a que la pensée qui existe ; tout ce qui n’a pas la conscience de soi, est comme s’il n’existait pas. La matière n’ayant ni la pensée, ni la volonté, ni une action propre, n’a point l’existence proprement dit. Voilà ce qui démontre la fausseté du système qui fait venir nos idées des sens. Elles passent par nos sens, d’accord ; mais nous avons des idées, et une multitude d’idées, malgré nos sens. Cet univers matériel, nous l’apercevons bien, mais pour nous élever au-dessus de lui, et pour juger que toutes les formes