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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/81

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toutes les marques les plus plaisantes de la compassion et de la pitié ; c’est véritablement la génération qui naîtra dans quelques années, que j’aperçois distinctement, et qui se moquera de toutes nos thèses. Quoique ces petits génies soient muets, je comprends à merveille dans leurs gestes tout ce qu’ils veulent dire ; et c’est cette vue (que je dois à la bonté du ciel) qui m’a empêché d’adopter les erreurs de mon siècle : sa très-plaisante astronomie, sa mauvaise métaphysique, son goût idolâtrique et dangereux pour les arts matériellement imitatifs, enfin le Dictionnaire des étouffeurs. Oh ! combien tous ces enfançons, devenus grands, vont se divertir à nos dépens ! Je me tromperois fort si je n’ai pas distingué dans la foule un nouveau Rabelais, mais plus intelligible que l’ancien, tant sa petite mine avait de finesse et de malice : ah ! jolie petite figure espritée, tu m’as fait un signe expressif sur ..... soit, je ne dirai rien.

Telle tête humaine n’est qu’une des cent mille variétés de la nature ; et l’on voudrait que tous les esprits se moulassent sur un ou sur plusieurs ! Si les langues sont la proie du temps, elles ne sont donc pas si sacrées