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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome II.djvu/362

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GIR

sous aucun rapport, le régime fédéral ne peut convenir à la République Française.

Ceux qui ont bien connu les chefs du parti Girondin, ont pensé avec une apparence de raison, que l’intérêt de quelques grandes cités leur avait suggéré ce projet funeste auquel les attacha bientôt, et presque religieusement, le desir de briser le sceptre usurpé par l’autorité municipale de Paris, si honteux, si insupportable à toutes les autres communes.

Le projet de fédéraliser et les moyens d’exécution étaient le secret des principaux chefs ; leur parti s’était grossi, et presque nationalisé, par le seul effet de l’exécration publique contre Marat, dont chacun appuyait de ses vœux et de son consentement l’éclatant sacrifice. Cette haine pour les tyrans éleva les femmes elles-mêmes à un degré d’héroïsme dont peu d’hommes sont capables : elles recevaient la mort comme Socrate ; elles la donnaient comme Brutus.

L’assassinat de Marat mourant, est une action atroce ; mais la résolution de Charlotte Corday n’en est pas moins un dévouement. L’on vit sa figure s’empreindre de béatitude, à mesure qu’elle approchait de l’échafaud ; tant elle croyait avoir bien mérité du ciel et de la terre. Aveuglement funeste, propagé par le zèle imprudent des Girondins, accueilli par l’animadversion la plus méritée et la plus générale !