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Page:Mercier - Néologie, 1801, tome II.djvu/373

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NEO

Employer un mot usité, comme signe d’une idée nouvelle, changer ou étendre sa signification, c’est aussi Néologuer.

Le mot nouveau Néologuer, est présenté à son juge suprême, l’usage, par les mots Néologie et Néologue ; ils le reconnaissent comme appartenant à leur famille.

Celui-là entreprend un travail utile, qui rassemble sous la forme d’un Dictionnaire, toutes les Néologies que l’usage a déjà favorablement accueillies, et celles sur lesquelles il n’a pas encore prononcé.

Un tribut de reconnaissance est dû aux auteurs célèbres qui, nonobstant l’opposition des timides puristes et des scrupuleux grammairiens, ont enrichi notre langue d’expressions vives et sonores, et de tours de phrase qui peignent la pensée avec précision.

La langue française n’avait rien à acquérir, depuis Racine, du côté des graces. J. J. Rousseau l’a élevée et agrandie ; Montesquieu nous l’a montrée précise, et même laconique ; Voltaire, refondant les couleurs primitives, en a multiplié à l’infini les nuances ; il l’a rendue souple, facile, propre à tous les styles, digne enfin de la variété de ses talens et de la fécondité de son génie.

Ces exemples prouvent que le génie franchit la barrière des préceptes routiniers, lorsque,