vinrent quelquefois de dangereux ennemis. Leur bannissement était une peine et une infamie.
L’honneur est le dernier bien dont la loi doive dépouiller un citoyen, à plus forte raison, un citoyen illustre.
Le droit d’Ostraciser est inhérent à la souveraineté ; il ne peut être exercé que par le peuple ; il est conservateur de la démocratie. Dans tout autre ordre de choses, l’exercice de ce droit ne serait qu’une usurpation, un crime de lèse-majesté nationale.
Tout gouvernement a le droit de se conserver, mais par les moyens qui lui sont propres. Quelle que soit sa forme, le peuple n’obéit qu’à la loi ; et lorsqu’une autorité qui n’émane pas d’elle, annulle ou restreint cette inaliénable prérogative de la nation, le citoyen la réclame intérieurement, tout en cédant à la force.
L’ostracisme frappait des citoyens qu’un mérite extraordinaire élevait trop au-dessus de tous les autres ; il rétablissait le niveau de l’égalité et le ressort des lois, qui toujours se relâche, dans une pure démocratie, devant une immense renommée. Aristide subit cette rigoureuse loi. Sa vertu rassurait moins les ombrageux Athéniens, que ne les alarmait leur admiration pour ce grand homme.
Toute autre manière d’expatrier un citoyen, s’applique indifféremment au crime et à la vertu,