tant de disputes véhémentes et frivoles, là où le sentiment de chaque homme doit prononcer pour soi, en fait des plaisirs de l’esprit. Voici que mon voisin, dans sa haute Jugerie, veut me donner, quoi ? son goût, et moi, je veux avoir le mien : tout se réduit là. Il n’y a, en littérature, qu’un seul livre philosophique, en ce que le ridicule de la Jugerie littéraire y est complètement mis au jour ; c’est le Chef-d’œuvre du docteur Matanasius. Lisez, pédans ; mais vous ne savez pas lire ce livre-là.
La Jugerie littéraire se lamente de la multitude des romans ; je le crois bien : aucun jugeur, ordinairement sec, ne sait en bâtir un ; mais le public, qui aime les plans vastes, l’imagination, laisse dire ceux qui en sont dépourvus ; il lit des romans de préférence, et fait très-bien. Je parle ici de ceux qui n’offensent point les bonnes mœurs.
Jugeur. Un écolier se fait Jugeur d’un autre écolier ; il lui donne des coups de férule ; le lendemain il est férulé à son tour. Ces Jugeurs ont pour tribunal suprême, des journaux, des feuilles et des feuilletons ; là, se pavanant, ils pèsent et surpèsent des hémistiches : tous déploient dans leur oriflamme, le titre d’homme de goût. Ces pauvretés littéraires sont des redites éternelles ; nos Jugeurs ne s’en aperçoivent pas. Il y a ensuite les Jugeurs de pièces de théâtre, et même de toutes celles qui passent comme des ombres.