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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/192

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ne veut pas qu’elles soient ; & tant qu’elles auront perdu le gouvernement de la famille, elles ne jouiront jamais d’un autre empire. Autre observation : les domestiques faisoient alors partie de la famille ; on les traitait moins poliment, mais avec plus d’affection ; ils le voyoient & devenoient sensibles & reconnoissans. Les maîtres étaient mieux servis, & pouvoient compter sur une fidélité bien rare aujourd’hui. On les empêchoit à la fois d’être infortunés & vicieux ; & pour l’obéissance, on leur accordoit en échange bienveillance & protection. Aujourd’hui, les domestiques passent de maison en maison, indifférens à quels maîtres ils appartiennent, rencontrant celui qu’ils ont quitté sans la moindre émotion. Ils ne se rassemblent que pour révéler les secrets qu’ils ont pu découvrir : ils sont espions ; & comme on les paie bien, qu’on les habille bien, qu’on les nourrit bien, mais qu’on les méprise, ils le sentent, & sont devenus nos plus grands ennemis. Autrefois leur vie étoit laborieuse, dure