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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/151

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CHAPITRE CL.

Qui paie-t-on ?.


Dans ce siecle dit éclairé, les arts ne sont jamais récompensés qu’en raison inverse de leur utilité. Tel danseur de l’opéra gagne tous les ans plus que tous les régens d’un college ensemble. Les gages d’un cocher brillant, ou d’un excellent cuisinier, doublent ceux d’un précepteur, se nommât-il J. J. Rousseau. Peu de tragédies ont rapporté autant que les Racoleurs. Les peintres de frivolités sont les mieux payés de tous ; & les sculpteurs sont réduits à portraire les physionomies communes d’hommes nuls ou vils, mais qui commandent la bourse en main. C’est à vernir des équipages que l’on parvient à en avoir un. Le médecin des chiens a fait une fortune dont se féliciteroit un docteur de la faculté. La part d’un comédien rend au moins autant que six compagnies d’infanterie.