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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/160

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CHAPITRE CLVI.

Les Élégans.


Il n’y a plus d’hommes à bonnes fortunes, c’est-à-dire de ces hommes qui se faisoient une gloire d’alarmer un pere, un mari, de porter le trouble dans une famille, de se faire bannir d’une maison avec grand bruit, d’être toujours mêlés dans les nouvelles des femmes : ce ridicule est passé, nous n’avons plus même de petits-maîtres ; mais nous avons l’élégant.

L’élégant n’exhale point l’ambre, son corps ne paroît pas dans un instant sous je ne sais combien d’attitudes ; son esprit ne s’évapore point dans des complimens à perte d’haleine ; sa fatuité est calme, tranquille, étudiée ; il sourit au lieu de répondre ; il ne se contemple point dans un miroir ; il a les yeux incessamment fixés sur lui-même, comme pour faire admirer les proportions de