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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/173

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fixent sur votre personne des yeux immobiles & assurés : cette coutume ne passe plus pour indécente, à force d’être commune. Les femmes ne s’en offensent pas, pourvu que cela arrive aux spectacles & aux promenades ; mais si l’on s’avisoit de les regarder ainsi dans un cercle, le lorgneur seroit taxé d’insolence, & traité comme un impoli.

Il ne faut pas confondre ces lorgneurs avec les physionomistes, qui trouvent à exercer leur sagacité au milieu d’une foule aussi immense, & qui à la longue acquierent un certain tact. Ils observent toute l’habitude du corps encore plus que la physionomie.

Un peintre, un poëte sont nés physionomistes. Voilà pourquoi ils se plaisent où est la multitude. Voyez au sallon cette foule de portraits ; ils assigneront le caractere d’après la figure. Il ne faut pas nier la révélation de la physionomie ; elle ne trompe guere : la probité donne un air ouvert ; le front d’un sot est reconnoissable entre mille. Celui qui à l’air vil ou méchant, justifie presque