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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/178

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regards, à la voix. Couvrez son visage de cicatrices, coupez-lui un bras ; ni l’œil ni l’accent n’auront perdu leur expression.

Il est presqu’impossible de dissimuler l’envie, la malice, la cruauté, l’avarice, la colere ; & les passions généreuses ou viles ont des nuances qui se révelent à l’œil attentif.

Avec une ame égale, franche & ouverte, le visage est toujours beau : voilà ce que j’ai cru remarquer, sans avoir lu M. Lavater. Puisque la joie pure, libre & facile déploie tous les traits & les rend gracieux, pourquoi la beauté personnelle ne dépendroit-elle pas à la longue, de la noblesse & de la pureté des sentimens ?

Telle femme devant son miroir s’est dit à elle-même : en vain je m’étudie, je ne jouerai jamais la pudeur. Quel cri de la conscience ! Voyez le fripon qui baisse les yeux en vous parlant, & n’ose rencontrer vos regards : voyez celui qui vous flatte, & qui cherche vos yeux pour voir s’il vous a trompé. J’abandonne ces réflexions étran-