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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/192

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talent pour le pousser loin, il s’extasie devant l’art qui a coupé, papilloté, tordu, crêpé, façonné, arrangé, pommadé, frisé & poudré de deux ou trois cents façons différentes les cheveux soumis ou rebelles d’un galant homme, ou d’une jolie femme. Il creuse cet art dans toute sa largeur & sa profondeur. Et quel art, même de nos jours, a été fondé en entier ?

L’art de la coëffure est sans contredit celui qui approche le plus de la perfection. La perruque a eu ses Corneille, ses Racine, ses Voltaire ; ce qui fait ici exception, ces perruquiers ne se sont point copiés. La perruque, d’un volume exagéré & bizarre dans son origine, a fini par imiter le naturel des cheveux. Ne pourroit-on pas appercevoir ici la marche & l’emblême de l’art dramatique, d’abord pompeusement & ridiculement factice, puis rentrant à force de réflexions dans les limites de la nature & de la vérité ? La grosse & énorme perruque représenteroit la tragédie bouffie & boursoufflée ; une perruque