Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 236 )

Le vrai noble ne seroit-il pas ce bourgeois qui se vantoit de pouvoir prouver par des titres authentiques, plus de six cents ans de roture, de pere en fils ?

Qui auroit dit au grand Constantin, que les plus brutaux des hommes s’asseieroient un jour sur son trône, & s’en diroient fierement les propriétaires ? Les puissantes monarchies ont été fondées par des barbares ; & le descendant d’un Calmouke, maintenant vêtu de peaux de bêtes sauvages, portera peut-être un jour la superbe couronne de France. Que ne fait pas le tems, & quelles étranges révolutions n’amene-t-il pas sur la terre !

Notre premiere origine du moins est plus noble que celle de Rome : nous n’avons pas eu pour fondateur un berger Romulus, qui, pour peupler sa petite ville, fit signifier à tous les voleurs, brigands, meurtriers de l’Italie & de la Toscane, de venir jouir chez lui d’une sauve-garde infame.

En me promenant donc, je voyage dans