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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome II, 1782.djvu/258

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plus atroces ; tandis que tous ces blasphêmes énergiques étoient mis sur le compte du diable.

La populace se signoit en tremblant, & disoit, le front prosterné contre terre, c’est le démon qui parle. Après qu’on l’eut fait passer trois fois de force devant la croix (& huit hommes le contenoient à peine) ces blasphêmes devinrent si outrés, si épouvantables, qu’on le mit à la porte de l’église, comme abandonné à jamais à l’empire de Satan, & ne méritant pas d’être guéri par la croix miraculeuse. Imaginez une garde publique, qui préside cette nuit-là à cette inconcevable farce, dans un siecle tel que le nôtre !

Insensé ou maniaque, ou simplement acteur soudoyé, je n’ai jamais conçu le rôle de ce personnage. Ceux qui auront été présens, & qui se rappelleront ses licentieuses paroles, doivent confesser qu’il poussa ce rôle bien avant, & que le lendemain, à leur réveil, rien ne dut leur paroître plus extraordinaire que ce qu’ils avoient vu & entendu la nuit.